Our Man In Canada
January 24th, 2000
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Le saumon de l'Atlantigue / l'Aquaculture?


Chris Marshall

By Chris Marshall

En août dernier, Paul Marriner m'a téléphoné pour m'inviter à passer une semaine sur la Margaree à la fin d'octobre. J'ai attendu à la toute dernière minute pour lui donner une réponse et ai dû laisser passer son offre - la revue allait occuper trop de mon temps - pour passer la semaine le nez à l'écran et à rêver aux levés du soleil du cap Breton recouvert d'un léger brouillard et au saumon qui frétille dans ses eaux limpides.

Lorsque nous nous sommes parlé au début de novembre, je dois admettre avoir ressenti un certain serrement au cœur lorsque Paul m'a appris qu'ils n'avaient pas eu beaucoup d'occasions de prendre de poisson, car celui-ci se faisait rare dans la rivière. Il se peut que les pluies diluviennes du début du mois aient forcé le poisson à se réfugier dans les eaux d'amont, mais l'absence de poisson dans cette rivière qui est, sans aucun doute, la rivière à saumon la plus populeuse de la Nouvelle-Écosse, était pour le moins inquiétant.

Le saumon de l'Atlantique est le poisson sportif le plus menacé de l'hémisphère nord. Le territoire qu'il couvrait s'est rétréci. Dans les rivières où l'on retrouvait jadis un très grand nombre de poissons, les remontées ont disparu ou le nombre de poissons a baissé de beaucoup à cause des effets des pluies acides, des barrages, de l'exploitation forestière et minière et d'un ensemble d'autres empiètements de l'homme. La montaison dans l'Est du Canada, surtout en Nouvelle-Écosse, a été perturbée par des étés secs successifs ayant réduit le débit des cours d'eau. Les aires d'alimentation océaniques et les espèces à fourrage desquels dépend le saumon ont également été perturbés par d'importantes baisses de température associées au changement climatique.

Des groupes de conservation des deux côtés de l'Atlantique ont livré un combat héroïque pour stopper - voire même renverser - ce déclin qui mène à l'extinction. Au cours des années 90, d'énormes progrès ont été réalisés dans la lutte contre la pêche commerciale, tant dans les rivières qu'en haute mer. L'aquaculture était perçue par les pêcheurs commerciaux et sportifs comme une bonne solution de rechange non dommageable à la pêche commerciale, et le nombre croissant de saumons dans un certain nombre de rivières semblait indiquer que cette stratégie portait fruit.

Mais, ironie du sort, l'aquaculture semble aujourd'hui constituer un problème aussi important que la solution qu'elle semblait offrir il y a quelques années à peine. En effet, bien qu'elle ait contribué à réduire les dommages de la pêche commerciale des poissons sauvages, l'aquaculture menace maintenant l'existence même des poissons qu'elle devait protéger à l'origine - ce sont les effluents provenant des bassins océaniques où s'entassent les poissons, les parasites et les maladies ainsi transmises et la contamination génétique associée à des espèces exotiques de poissons élevés qui se sont échappés qui constituent cette menace. Au moment de mettre sous presse, le premier cas d'anémie infectieuse du saumon (maladie mortelle retrouvée chez les saumons de l'Atlantique élevés en bassin) était diagnostiqué chez le saumon sauvage de la rivière Magaguadavic, au Nouveau-Brunswick.

Il s'agit là d'une nouvelle inquiétante, mais peu surprenante. Que faire maintenant? En ce moment, les stocks de saumons de l'Atlantique dans l'océan ont été réduits à 10 % de ce qu'ils étaient il y a à peine 20 ans. Réparer les torts faits par l'homme à l'habitat naturel du saumon est un travail colossal; contrer les effets du changement climatique est une tâche presque impossible. Toutefois, s'attaquer aux effets néfastes de l'aquaculture est une tâche réalisable. Étant donné que l'aquaculture est une science relativement récente, il est toujours temps de se battre pour obtenir des contrôles rigoureux et de faire adopter des méthodes responsables qui préviendront la transmission des maladies et des parasites et la contamination génétique des espèces sauvages. Dans une entrevue avec Erik Poole, dans le présent numéro du The Canadian Fly Fisher, le nouveau ministre des pêches, Herb Dhaliwal, semblait appuyer de telles mesures - situation des plus encourageantes.

Le Canada est un pays immense. La plupart de sa population vit loin de l'océan Atlantique, et la pêche au saumon de l'Atlantique n'est autre qu'un sujet que l'on traite dans les revues. Il reste toutefois que la menace de cette espèce nous touche tous - non seulement parce que les événements dans les Maritimes aujourd'hui peuvent se reproduire dans les Prairies demain, mais bien parce que la disparition du saumon de l'Atlantique, élément central à l'histoire et à la tradition de la pêche à la mouche, nous ferait perdre un peu de nous-même.

Il existe au pays des organisations telles que ASF, TU et BCFFF - et bien d'autres organisations locales de plus petite taille - qui défendent la cause du saumon de l'Atlantique et de toutes les autres espèces de poissons sportifs. Imaginez ce qui se passerait si chaque pêcheur à la mouche devenait membre d'au moins une de ces organisations et se joignait à la lutte pour préserver nos poissons et notre sport. ~ Chris Marshall

Winter Issue
We thank the Canadian Fly Fisher for re-print permission!

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